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Plus d'informations sur l'étude sur les espèces aquatiques

Le contenu et les résultats de l'Etude sur les espèces aquatiques patrimoniales du bassin du Célé menée par le LEH.

Contenu de l’étude

Le Laboratoire d’Ecologie des Hydrosystèmes (anciennement Centre d’Ecologie des Systèmes Aquatiques Continentaux) de l’Université Paul Sabatier de Toulouse a mené ce programme de recherche dont les applications devaient servir à établir ou à préciser les modalités d’intervention, de protection, et de valorisation des habitats préférentiels des espèces aquatiques protégées, hébergées par les cours d’eau du réseau hydrographique du Célé.

Parmi les espèces aquatiques menacées et/ou indicatrices de bonne qualité des milieux, trois espèces présentes dans le réseau hydrographique du Célé ont été choisies :

  • la Moule perlière (Margaritifera margaritifera L., Mollusque) qui est ici en limite de répartition
    et qui était présente sur une grande majorité d’affluents il y a quelques années encore (Sources : G. Cochet) ;
  • l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes Lereboullet, Crustacé) qui doit « partager » son territoire avec les écrevisses américaines ;
  • Le Chabot (Cottus gobio L., poisson Cottidae), bio-indicateur de la qualité des eaux.

Objectifs de la recherche :

  • Décrire la structure des populations en place (densités, biomasses, taille des individus) ;
  • Décrire finement les caractéristiques abiotiques (habitat, physico-chimie) et biotiques (espèces associées) des sites d’accueil ;
  • Proposer une typologie des habitats potentiels de ces espèces dans le bassin du Célé ;
  • Mettre en place une méthode de description des habitats, à l’usage des techniciens de terrain ;
  • Etablir des priorités pour la protection et la gestion des habitats selon leur potentialité d’accueil et leur niveau de dégradation ;
  • Fixer des objectifs de restauration tout en proposant des modalités d’intervention ;
  • Sensibiliser les acteurs sociaux et les populations locales.

Résultats de l’étude

Trente cinq stations, ruisseaux, ou tronçons de rivière ont été prospectés sur le réseau hydrographique en amont de Figeac. Les sites ont été prospectés au moyen de pêches électriques pour le chabot et l’écrevisse et de prospections visuelles et manuelles pour la moule. Seuls dix de ces sites hébergent une des trois espèces remarquables (4 pour le Chabot, 4 pour l’Ecrevisse à pieds blancs, 2 pour la Moule perlière), avec des densités en général modérées à faibles

Etat des populations

Sur les sites étudiés les conclusions suivantes peuvent être apportées :

Le Chabot a un spectre écologique relativement étroit mais ses exigences sont compatibles avec la morphologie des rivières du réseau hydrographique du Célé. Il possède des populations suffisamment importantes pour tenter des actions de translocations d’individus vers des petits affluents du Célé. Il pourrait être potentiellement présent sur plusieurs cours d’eau du bassin, sur le Ségala notamment.
La Moule perlière n’est présente que sur un nombre restreint de stations (Célé, Veyre), et ses populations sont constituées de groupes d’individus disposés en « tâches » éparses sur des tronçons limités de cours d’eau. De nombreux cours d’eau du bassin ont été prospectés sans trouver trace de l’espèce. Compte tenu de son spectre écologique étroit (notamment vis-à-vis de la qualité chimique de l’eau) et de sa biologie (dépendance vis-à-vis de la truite), du faible nombre d’individus à l’échelle du réseau hydrographique, de l’inscription de la Moule perlière sur les listes d’espèces menacées (liste rouge IUCN, Directive Européenne Habitat, mollusques menacés de France), des mesures conservatoires actives sont à prévoir. Les mesures les plus efficaces pour une réhabilitation / protection dans le contexte "Célé" sont sans doute des mesures conservatoires ciblées sur les populations existantes (protection des sites, renforcement des populations de poissons hôtes). Il semblerait toutefois que des populations restent à découvrir.
L’Ecrevisse à pieds blancs peut présenter des populations très denses mais avec de fortes fluctuations d’une année sur l’autre. Les habitats préférentiels sont de petits ruisseaux (faible largeur, peu profonds) donc sensibles aux usages riverains (activité agricole, piétinement, rejets domestiques...). La présence d’espèces envahissantes (Ecrevisse de Californie essentiellement) laisse planer un doute sur la survie de certaines populations.

Mesures préconisées :

Entretien du lit et des berges :

D’une façon générale, ces trois espèces sont typiques des milieux courants peu profonds. Elles montrent toutes des préférences pour les substrats hétérogènes. Le maintien de l’écoulement (vitesses moyennes du courant ≥ 20 cm/s – moyenne à la station), en plus du maintien d’un cycle hydrologique (rôle des crues), devrait donc être un souci de gestion des rivières dans le réseau du Célé, en veillant notamment au retrait de certains embâcles (chutes d’arbres) modifiant fortement les écoulements, même dans les secteurs difficilement accessibles (ex. secteurs à Moules perlières).

Régulation des activités humaines :

  • La présence de bétail à proximité des cours d’eau entraîne un risque de piétinement du lit et des berges. Outre la destruction potentielle d’habitats préférentiels (sous berges pour les écrevisses adultes, zones favorables aux Moules perlières), le piétinement accroît les apports de sédiments et de matière organique aux cours d’eau. La protection des populations implique donc à l’avenir un renforcement de la pratique de clôture des pâturages, avec possibilité de mettre en place des systèmes d’abreuvement aménagés.
  • Les actions de curage des cours d’eau provoquent la destruction d’habitats benthiques au niveau même de la zone curée, et une mise en suspension des sédiments en aval. Réglementation, information et police de l’eau auront sans doute un rôle majeur à jouer pour contenir les risques liés à ces curages.
  • En terme de sources de pollution, les rejets domestiques et agricoles directs semblent malheureusement courants, qu’il s’agisse de disfonctionnements des systèmes d’assainissement collectifs ou autonomes, de lessivages de sols ou de fuites des systèmes de stockages d’effluents agricoles. L’emploi de pesticides en bordure de cours d’eau est aussi une source de destruction des populations, celles-ci étant très sensibles aux teneurs en pesticides.

Prospections :

L’inventaire des habitats à espèces remarquables (cartographie) sur le réseau hydrographique du Célé est à ce jour incomplet. Des prospections permettraient de mieux connaître l’état réel des populations.

Plan d’actions :

La mise en place de programmes de gestion, protection et/ou conservation des habitats remarquables est indispensable et urgent si l’on souhaite conserver certaines espèces sur le bassin du Célé. Un plan d’actions (protection et gestion des habitats à Moule perlière et mise en place de programme de gestion de zones humides), portée par le CPIE de Haute Auvergne et le syndicat mixte du bassin de la Rance et du Célé a été mis en oeuvre entre avril 2008 et octobre 2009. Il a permis des actions importantes de communication et de sensibilisation à destination des décideurs (élus) et des propriétaires et gestionnaires de sites.


Espèces aquatiques  Caroline Maumus    1 janvier 2009